Morillon- Antoine Dénériaz prend sa retraite
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Morillon- Antoine Dénériaz prend sa retraite
Antoine Dénériaz remise ses longues planches. Pour de bon. "J'ai décidé d'arrêter ma carrière complètement", a déclaré le champion olympique de descente des Jeux de Turin, âgé de 31 ans, mercredi 5 décembre, lors d'une conférence de presse convoquée au siège de la Fédération française de ski (FFS) à Annecy.
Age : 31 ans.
Taille et poids : 1,90 m pour 98 kg.
Victoires : champion olympique de descente aux Jeux de Turin (Italie), le 12 février 2006 ; vainqueur des descentes de Val Gardena (Italie) et Lillehammer (Norvège) en 2003, et de celle de Val Gardena en 2004.
Le skieur de Morillon (Haute-Savoie) n'a pas caché son "soulagement". Depuis plus d'un an, "Tonio", le colosse de 1,90 m pour 98 kilos traîne son mal-être sur le circuit de la Coupe du monde de ski alpin, incapable de reproduire des performances dignes de son rang, à la suite d'une spectaculaire chute dans la descente d'Are (Suède), deux semaines après son titre olympique du 12 février 2006.
La décision d'en finir avec ce calvaire s'est imposée à lui la semaine passée lors d'un entraînement à Beaver Creek (Colorado). En accord avec le staff fédéral, il s'est résolu à déclarer forfait pour regagner la France afin de réfléchir. Son agent et la FFS évoquaient alors trois possibilités : un retour mi-décembre sur sa piste fétiche de Val Gardena (Italie), où il avait triomphé en 2003 et 2004, une coupure pour s'entraîner, ou la retraite. Dénériaz, lui, savait. "A la reconnaissance (à Beaver Creek), j'étais mal dans ma peau, a-t-il expliqué mercredi. Je suis monté au départ à reculons, j'ai compris que c'était la dernière descente de ma carrière, et je l'ai dit à mon entraîneur."
A Lake Louise (Canada) déjà, la semaine précédente, où il s'était classé à une triste 39e place dans la descente avant de terminer 48e du Super-G, il avait encaissé avec effroi la nouvelle de la terrible chute d'Aksel Lund Svindal, le Norvégien, âgé de 24 ans, vainqueur de la dernière Coupe du monde, sur la touche pour le reste de la saison à cause de multiples fractures faciales et d'une profonde entaille à une fesse, conséquence d'un atterrissage sur la carre effilée d'un de ses skis.
C'est bien une insurmontable peur qui étreignait Antoine Dénériaz depuis sa fâcheuse cascade d'Are. Il y perdit jusqu'à son casque et ne put en visionner les images que plusieurs semaines plus tard. Pour voir sa tête nue frôler un pylône...
Il a d'abord éludé l'angoisse. "C'est la première fois que mes proches m'ont dit "tu nous as vraiment fait peur", a-t-il expliqué pudiquement au mensuel Ski Chrono. J'étais allé à Are pour marquer mon territoire parce que c'était le site des Mondiaux de 2007, mais c'est la piste qui m'a marqué." Sortie de sa chute avec un énorme hématome à la fesse droite, qu'il fallut ponctionner avant qu'il ne s'infecte gravement, il avait admis : "J'ai pris le départ pour gagner, mais je n'avais plus la fraîcheur physique ni mentale."
Le tourbillon postolympique avait été, comme souvent, irrésistible. Et, ni la compagne de Dénériaz, l'ex-slalomeuse austro-néo-zélandaise Claudia Riegler, ni Pascal Lemoine, son technicien, n'étaient dupes des conséquences qu'impliquait sa chute d'Are.
Elles furent, de fait, bien plus lourdes que celles de la rupture de son ligament croisé antérieur du genou gauche dans l'entraînement de la descente de Chamonix-Les Houches, le 7 janvier 2005. En confiance à l'époque, Antoine Dénériaz avait juré, à l'heure de son évacuation héliportée, de devenir champion olympique un an plus tard. Il était un des rares à y croire, mais avait tenu parole.
Le retour à la compétition pour la saison 2006-2007 n'avait pas débuté sous les meilleurs auspices. Son auréole olympique n'avait rapporté à Dénériaz aucun nouveau contrat, et il régnait dans son village natal de Morillon - 500 âmes - un parfum de Clochemerle. Quelques esprits chagrins répugnaient à miser davantage sur le gamin devenu homme qu'ils soutenaient financièrement depuis toujours.
Pire : Antoine Dénériaz, que ses collègues de l'équipe nationale surnommaient depuis toujours "Glissman", skiait de son propre aveu "sur le frein". En sportif de haut niveau dur au mal et soucieux de se retirer au sommet de son art, en fils de "charpentier l'été, moniteur de ski l'hiver", il a lutté contre le doute, se torturant jusqu'à pleurer en essayant de retrouver la bonne trace.
Subjugué par son titre autant que par sa force de caractère, l'encadrement fédéral, qui ne l'a guère protégé des sollicitations postolympiques, a sous-estimé l'ampleur des dégâts d'Are. Conscient depuis toujours de ses limites, l'honnête Dénériaz ne s'est jamais voilé la face. Certaines pistes lui allaient bien, d'autres pas du tout ; et être attendu chaque week-end lui pesait terriblement.
Sans la perspective des championnats du monde de février 2009, à Val-d'Isère, dont l'organisation n'a pas échu à la France depuis le rendez-vous de Grenoble en 1968, il aurait sans doute raccroché plus tôt. Mercredi, il a admis que l'échéance était trop lointaine pour qu'il se sente la force de l'honorer.
Patricia Jolly
Le Monde
Age : 31 ans.
Taille et poids : 1,90 m pour 98 kg.
Victoires : champion olympique de descente aux Jeux de Turin (Italie), le 12 février 2006 ; vainqueur des descentes de Val Gardena (Italie) et Lillehammer (Norvège) en 2003, et de celle de Val Gardena en 2004.
Le skieur de Morillon (Haute-Savoie) n'a pas caché son "soulagement". Depuis plus d'un an, "Tonio", le colosse de 1,90 m pour 98 kilos traîne son mal-être sur le circuit de la Coupe du monde de ski alpin, incapable de reproduire des performances dignes de son rang, à la suite d'une spectaculaire chute dans la descente d'Are (Suède), deux semaines après son titre olympique du 12 février 2006.
La décision d'en finir avec ce calvaire s'est imposée à lui la semaine passée lors d'un entraînement à Beaver Creek (Colorado). En accord avec le staff fédéral, il s'est résolu à déclarer forfait pour regagner la France afin de réfléchir. Son agent et la FFS évoquaient alors trois possibilités : un retour mi-décembre sur sa piste fétiche de Val Gardena (Italie), où il avait triomphé en 2003 et 2004, une coupure pour s'entraîner, ou la retraite. Dénériaz, lui, savait. "A la reconnaissance (à Beaver Creek), j'étais mal dans ma peau, a-t-il expliqué mercredi. Je suis monté au départ à reculons, j'ai compris que c'était la dernière descente de ma carrière, et je l'ai dit à mon entraîneur."
A Lake Louise (Canada) déjà, la semaine précédente, où il s'était classé à une triste 39e place dans la descente avant de terminer 48e du Super-G, il avait encaissé avec effroi la nouvelle de la terrible chute d'Aksel Lund Svindal, le Norvégien, âgé de 24 ans, vainqueur de la dernière Coupe du monde, sur la touche pour le reste de la saison à cause de multiples fractures faciales et d'une profonde entaille à une fesse, conséquence d'un atterrissage sur la carre effilée d'un de ses skis.
C'est bien une insurmontable peur qui étreignait Antoine Dénériaz depuis sa fâcheuse cascade d'Are. Il y perdit jusqu'à son casque et ne put en visionner les images que plusieurs semaines plus tard. Pour voir sa tête nue frôler un pylône...
Il a d'abord éludé l'angoisse. "C'est la première fois que mes proches m'ont dit "tu nous as vraiment fait peur", a-t-il expliqué pudiquement au mensuel Ski Chrono. J'étais allé à Are pour marquer mon territoire parce que c'était le site des Mondiaux de 2007, mais c'est la piste qui m'a marqué." Sortie de sa chute avec un énorme hématome à la fesse droite, qu'il fallut ponctionner avant qu'il ne s'infecte gravement, il avait admis : "J'ai pris le départ pour gagner, mais je n'avais plus la fraîcheur physique ni mentale."
Le tourbillon postolympique avait été, comme souvent, irrésistible. Et, ni la compagne de Dénériaz, l'ex-slalomeuse austro-néo-zélandaise Claudia Riegler, ni Pascal Lemoine, son technicien, n'étaient dupes des conséquences qu'impliquait sa chute d'Are.
Elles furent, de fait, bien plus lourdes que celles de la rupture de son ligament croisé antérieur du genou gauche dans l'entraînement de la descente de Chamonix-Les Houches, le 7 janvier 2005. En confiance à l'époque, Antoine Dénériaz avait juré, à l'heure de son évacuation héliportée, de devenir champion olympique un an plus tard. Il était un des rares à y croire, mais avait tenu parole.
Le retour à la compétition pour la saison 2006-2007 n'avait pas débuté sous les meilleurs auspices. Son auréole olympique n'avait rapporté à Dénériaz aucun nouveau contrat, et il régnait dans son village natal de Morillon - 500 âmes - un parfum de Clochemerle. Quelques esprits chagrins répugnaient à miser davantage sur le gamin devenu homme qu'ils soutenaient financièrement depuis toujours.
Pire : Antoine Dénériaz, que ses collègues de l'équipe nationale surnommaient depuis toujours "Glissman", skiait de son propre aveu "sur le frein". En sportif de haut niveau dur au mal et soucieux de se retirer au sommet de son art, en fils de "charpentier l'été, moniteur de ski l'hiver", il a lutté contre le doute, se torturant jusqu'à pleurer en essayant de retrouver la bonne trace.
Subjugué par son titre autant que par sa force de caractère, l'encadrement fédéral, qui ne l'a guère protégé des sollicitations postolympiques, a sous-estimé l'ampleur des dégâts d'Are. Conscient depuis toujours de ses limites, l'honnête Dénériaz ne s'est jamais voilé la face. Certaines pistes lui allaient bien, d'autres pas du tout ; et être attendu chaque week-end lui pesait terriblement.
Sans la perspective des championnats du monde de février 2009, à Val-d'Isère, dont l'organisation n'a pas échu à la France depuis le rendez-vous de Grenoble en 1968, il aurait sans doute raccroché plus tôt. Mercredi, il a admis que l'échéance était trop lointaine pour qu'il se sente la force de l'honorer.
Patricia Jolly
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Tiens..allez jeter un coup d'oeil là :
http://www.antoine-deneriaz.com/
Inoubliable les émotions que nous a procuré Antoine !
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Inoubliable les émotions que nous a procuré Antoine !
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C'est dommage pour nous (y'a pas tellement de champion dans le GM)mais bon la descente c'est une discipline qui laisse pas le choix au doute. Il a su prendre la bonne décision et l'expliquer très sincèrement.
En tout cas, quel souvenir cette descente. J'étais chez mes parents à Lyon, on était tous comme des dingues et on a vraiment hurler notre joie en voyant le chrono. Un bon moment de sport, surtout qu'à Turin on n'avait pas vraiment brillé...
En tout cas, quel souvenir cette descente. J'étais chez mes parents à Lyon, on était tous comme des dingues et on a vraiment hurler notre joie en voyant le chrono. Un bon moment de sport, surtout qu'à Turin on n'avait pas vraiment brillé...
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Va falloir attendre 4 joursklashkabob a écrit :Tiens..allez jeter un coup d'oeil là :
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Oui il prend sa reraite sagement et c'est un bon choix pour lui je pense. "Retraite" est un bien grand mot, je vois ca plutot comme un grand virage.
Cet hiver, il va nous manquer la ptite dose d'adrénaline qu'il nous procurait à chaque départ de course, on croisait tous les doigts et on y croyait ... il l'a fait et ça on ne l'oubliera jamais !
Cet hiver, il va nous manquer la ptite dose d'adrénaline qu'il nous procurait à chaque départ de course, on croisait tous les doigts et on y croyait ... il l'a fait et ça on ne l'oubliera jamais !
http://www.liberation.fr/actualite/sports/297855.FR.php
une bonne interview sur la prise de risque en descente avec un parallèle avec la voile en solitaire.
une bonne interview sur la prise de risque en descente avec un parallèle avec la voile en solitaire.