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La commune de Faverges-Seythenex se résigne à fermer définitivement sa station de ski déficitaire
Le 15 septembre, le télésiège de la station de La Sambuy Seythenex arrêtera de tourner, à la suite d’une décision municipale. Habitants et professionnels du tourisme ont du mal à l’accepter.
Par Fanny Hardy(Faverges-Seythenex (Haute-Savoie), envoyée spéciale)
Ils y tiennent, à leur télésiège. Ce colosse de 1 800 mètres de long, grimpant près de 700 mètres de dénivelé, emmène, pour quelques jours encore, les clients dès leur sortie du parking de la station de La Sambuy Seythenex, en Haute-Savoie, jusqu’au sommet, à 1 850 mètres, le tout en vingt-cinq minutes. Ce télésiège est le seul du domaine. Datant de la fin des années 1980, il est la « colonne vertébrale » de cette petite station « construite par les locaux » et dotée de cinq commerces, explique Christian Bailly, le président de l’association Tous ensemble pour La Sambuy.
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Avec d’autres habitants, des touristes et des professionnels, ils continuent de se battre pour sauver « leur » station. Et ce, même si La Sambuy, le 15 septembre, ce sera fini. Après une concertation citoyenne de plusieurs mois, Jacques Dalex, le maire (divers gauche) de Faverges-Seythenex, où est située la station, a en effet décidé, en juin, avec son conseil municipal, à 22 voix pour sur 33, le démantèlement du télésiège. Le recours en référé formé par Tous ensemble pour La Sambuy devant le tribunal administratif de Grenoble pour contester cette décision a, lui, été rejeté, le 24 août.
« Cette station a toujours été déficitaire, raconte l’édile. Et la commune l’a toujours financée. Un déficit à combler de 150 000 à 200 000 euros par an, on peut l’admettre. Plus, cela paraît difficile. » Or, il est évalué par la municipalité à 500 000 euros. Dans un courrier daté du 5 mai, le préfet de la Haute-Savoie a rappelé au maire que renflouer le budget annexe des remontées mécaniques (qui doit normalement s’autofinancer) ne pouvait être qu’exceptionnel, sous peine de devenir illégal.
« Attirer des entreprises »
Année après année, le manque de neige complique la saison hivernale. Et si l’été est plus profitable au site, grâce à une luge d’été et au télésiège permettant l’accès au sommet, où d’autres activités sont proposées, cela ne permet pas à la commune d’entrer dans ses frais.
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« Si on avait de l’eau, de la neige abondante ou des enneigeurs, on verrait peut-être les choses différemment. Mais notre travail est d’ouvrir les yeux. Ce n’est pas un échec, c’est une adaptation. Le monde change, le climat, les priorités des gens. Nous ne sommes plus dans les années 1960, où le tout-ski pouvait se comprendre », explique le maire.
Et celui-ci de rappeler que la commune (7 600 habitants) a soutenu financièrement l’installation d’une école de bijouterie, utile pour l’avenir et synonyme de formation pour les jeunes du coin. « Cette implantation doit aussi attirer des entreprises en quête de main-d’œuvre », espère-t-il.
« Un coup de bambou »
Reste que « la station ferme dans quelques jours et on ne sait pas comment ça va se passer », désapprouve Cyril Michaud, restaurateur. « Cette décision est un coup de bambou », s’inquiète un des salariés de la station, qui souhaite garder l’anonymat. Lui aussi reproche au maire son manque de communication depuis la décision de la fermeture. La station faisait travailler 45 personnes, soit une vingtaine d’équivalents temps plein.
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L’histoire rappelle la fermeture de la petite station de Granier-sur-Aime (1 250 mètres d’altitude), en Savoie, pour cause notamment de manque de neige. C’était en 2017. « C’est l’une des décisions les plus difficiles que j’ai eues à prendre avec le conseil municipal, raconte Corine Maironi-Gonthier, la maire (divers gauche) d’Aime-La Plagne. Mes enfants avaient appris à y skier, l’ambiance y était formidable. Mais ce choix s’imposait : le ski classique, ici, à cette altitude, ce n’est plus possible. Certains habitants n’ont pas compris et sont toujours chagrinés. »
L’élue a alors engagé de nouveaux projets touristiques et sportifs plus modestes et sans remontée mécanique « pour rester en mouvement ». « Il faut anticiper ce moment, souligne-t-elle, pour combler le vide que représente la fin de la station. »
Fanny Hardy(Faverges-Seythenex (Haute-Savoie), envoyée spéciale)