)) je me suis définitivement dit que ce serait déraisonnable. C’est donc quasiment sur un coup de tête que je me suis lancé sur un itinéraire à ski du Toponeige Chablais: le Ruan face ouest, ou un nom comme ça. Pour ma part j’appellerai ça la Directe du Bout du Monde...Un truc que je ne me sentais pas de réaliser en ski. On avait jeté un œil en mars 2009 avec freerider74, mais les bruits sourds qui nous provenaient de cet endroit ne nous avaient rien dit qui vaille. De plus, c’est physiquement que le combat s’annonçait perdu d’avance avec notre matériel lourd : quelque chose comme 9h de montée annoncé! Mais en version alpi, ça devrait passer. Sur la base de la carte IGN, dudit Toponeige et d’un vieux topo qu’un ami et lecteur du Forum rencontré à Susanfe (salut à toi Didier!) m’avait envoyé il y à quelques temps (je ne le retrouve plus !), je m'éance.
C'est par conséquent hier à pas d’heure que je marche ces fameux 4km de plat pendant une heure (pas évident de nuit sur la deuxième partie, me suis perdu une fois et demi disons !) jusqu’au Bout du Monde, endroit où l’on quitte le sentier pour viser les gradins herbeux très raides en rive G du ruisseau. Comme dit le Toponiege, on vient buter sur une barre rocheuse que l’on contourne par la gauche. Ici c’est bien le cas :
Pour la suite il me semblait avoir lu de prendre dans la chute d’eau (ça ça va pas être possible
) ou en rive G du torrent:
J’essaie une première fois mais impossible. De toute façon de visu il me semblait de toute façon que ça le faisait nettement mieux en rive D pour enchaîner. J’hésite j’hésite puis je tente ma chance, en essayant de me dire que ce que je monte doit pouvoir être redescendu, au cas où je viens buter contre un passage infranchissable. Auparavant il aura déjà fallu descendre jusqu’au bassin formé par la chute d’eau sur de la roche rendue glissante au possible. Pas de danger vitale, mais une baignade en eau froide qui aurait sonné le glas de mes intentions.
Sur cette rive gauche l’enchevêtrement de gradins rocheux me permet de m’élever relativement aisément:
J’ai même le loisir de prendre quelques photos de formation rocheuse étonnante :
Par contre je demande à voir pour confirmer le topo qui indique pas plus de 40 à 45° tout du long
Je pourrais toujours imaginer redescendre, mais ce serait extrêmement dangereux. Bien plus qu'au Pas Noir du Tenneverge et de ses deux immenses cirques (qu'on avait d'ailleurs redescendu la première fois). J'vais donc éviter d'appeler le PGHM et ma maman
et me concentrer sur la suite. D'ailleurs ça s'éclaire:
Durant toute cette première partie d'ascension je n'oublie pas que Jacques Balmat a laissé sa vie ici, surtout pas lorsque la Tour Saint-Hubert apparaît:
Il est décédé par ici en cherchant de l'or. Fallait être un peu dingue (comme moi sûrement
)! Je croyais que ce que je voyais là était la fameuse vire mais ça avait un drôle d'aspect. Je suis donc passé tout droit:
Ce n'était là que des gradins parmi d'autres!
Elle se trouve en fait ici, dernière difficulté parmi tant d'autres déjà passées:
En fait ça passe super bien derrière le rocher, magnifique section d'escalade facile:
Au moment où je me trouve à côté de Saint-Hub'
, ça fait déjà 4h que je me bats dans ce terrain hostile, avec pas l'ombre d'une vague sente. Alors ces rayons de soleil en face, ça fait chaud au coeur: 
Bientôt sur le glacier du Ruan, ou plutôt de ce qu'il en reste à ce niveau-là:
En face ça commence à être sérieux quand même, ces parois incroyables en-dessous du glacier du Prazon:
Tout cela est même parsemé de baux séracs:
Si on n'a pas envie de poursuivre y'a une belle piste de décollage en contrebas
J'avance j'avance, et toujours pas de glacier, plutôt des résidus instables, misérables:
Sous cette perspective on devine l'entreprise de choix qu'est la Tour-Saint-Hubert:
Heureusement qu'on n'a pas réussi à l'attendre l'autre fois!
Enfin j'atteins la base du glacier, et la rampe qui mène au col du Ruan:
Des paysages familiers qui bien qu'austères, font du bien au mental!
Glacier noir...
...mais aussi glacier blanc!
Y'a encore de la couche mais on voit le fond en-dessous...
Le couloir qui mène au col devient un passage de plus en plus scabreux au fil des ans, et surtout à pareille époque:
Ce n'est pas un mais plusieurs ressaut en neige/glace/mixte qu'il va falloir franchir.
Cela dit le passage-clé est plus aisé qu'habituellement grâce à une lange de neige et à la glace qui le recouvre.
Le tout est néanmoins bien plus physique avec cette couche de neige.
Pour autant j'atteins mon objectif, soit le col, comme l'autre fois
Emosson plein comme un oeuf!
Côté Ruan et Tour Sallière:
Il est déjà 12h30, il fait pas chaud et après six heures d'effort, je décide de redescendre et de sortir du glacier pour manger un peu. Le sommet, à d'autres
Un glacier plus ouvert qu'à l'accoutumée mais c'est assez trompeur:
C'est surtout la rimaye qui crée ces distorsions.
On croit être sorti d'affaire et on l'annonce même à ses proches, mais il y a toujours ce fameux passage scabreux sous le Petit Ruan, pour rejoindre le col des Ottans, qui n'a pas été tracé!
A part ça c'est magnifique, le temps se découvre:
Des vues connues de tou-te-s, mais dont on ne se lasse jamais. Surtout saupoudré comme ça, de la Haute Cime au Petit Ruan:
Pis bon ben là
Barme qui commence à Blanchir depuis le col de Sageroux:
Premières âmes qui vivent de la journée!
A relever aussi deux traces de bipède depuis le col des Ottans environ.
Perua bien blanche!
Vogealle déjà bien gelé!
La fontaine de la Vogealle vient me sauver le gosier (cf: klashkabob
), et de là c'est une heure et quelques, jusqu'en bas donc ça va. Magnifique chalet du Boret entourés d'une forêt rougeoyante:
Surpris en train de se sustenter:
Il se cache mais ça dépasse
Plus bas, c'est de l'hypnotisme
Donc voilà qui n'ira pas sur c2c du fait de l'engagement trop grand du parcours. Evidemment c'est une cotation "Peu Difficile" pour de l'alpi, mais c'est bien la pire des cotations! Impossible de se protéger et pendant trop longtemps. Le genre de truc que je ne referai pas je pense. Du moins en version été, avant de devenir réellement mutant
Qui eut cru qu'un bipède passerait par là 
