Traversée Tenneverge - Ruan: au coeur des glaciers du Giffre

[MA2T]

Magnifique !! Ce Tenneverge, quand même... Une bien belle colline !

[skals]

http://www.camptocamp.org/outings/22763 ... e-champery
Un des plus beaux cr qui soit, en même temps un exploit d'un "maître à penser".

[papy pat]

ouf

[verchaix]

A mon sens les lieux les plus magiques de la vallée : sauvages, vertigineux, immenses....pas sur que je retourne à la rigole un jour...trop fort en émotion mais gravés pour toujours dans ma mémoire!!!

[freerider74]

encore un article complet de l'impressionnant parcours
http://www.raidlight.com/Topo-Trail-Chr ... od-en.html

(vu le nom du site, non non, je ne cherche pas à me convertir )



Et aussi ce lien, fort intéressant sur ce haut lieu du haut-giffre (vallon de tenneverge), chargé d'histoire et de quelques querelles. Bref, où que se situe la frontière, un endroit à visiter pour être dépaysé, surtout l'hiver
http://alpen.sac-cas.ch/fr/archiv/2007/ ... _08_09.pdf

[skals]

encore un article complet de l'impressionnant parcours
http://www.raidlight.com/Topo-Trail-Chr ... od-en.html

Les commentateurs sont bien moins impressionnés que moi. Bon en même temps, ils ne connaissent peut-être pas l'endroiit

(vu le nom du site, non non, je ne cherche pas à me convertir )

Bah en même temps, quand je te vois grimper, c'est vraiment minimum de matos hein

Et aussi ce lien, fort intéressant sur ce haut lieu du haut-giffre (vallon de tenneverge), chargé d'histoire et de quelques querelles. Bref, où que se situe la frontière, un endroit à visiter pour être dépaysé, surtout l'hiver
http://alpen.sac-cas.ch/fr/archiv/2007/ ... _08_09.pdf

"Ce pâturage n’étant pas accessible au bétail français, qui d’autre que les Suisses pouvaient l’exploiter ? De mémoire d’hommes, des bestiaux helvétiques ont toujours estivé dans le vallon de Tenneverge."
Je vote pour L'Hardy!
Trêve de plaisanteries, super article et merci pour l'avoir déniché!

[papy pat]

http://alpen.sac-cas.ch/fr/archiv/2007/ ... _08_09.pdf

"Ce pâturage n’étant pas accessible au bétail français, qui d’autre que les Suisses pouvaient l’exploiter ? De mémoire d’hommes, des bestiaux helvétiques ont toujours estivé dans le vallon de Tenneverge."
Je vote pour L'Hardy!
Trêve de plaisanteries, super article et merci pour l'avoir déniché![/quote]
De Gaulle avait bien dit que "les français sont des veaux", peut-être dans son esprit faisait-il lui aussi un écart de frontière en incluant aussi les suisses ... au moins ceux circulant dans ce fameux vallon! ...nous le vallon...bien n'est-ce-pas Lilianne Celle dont la fille dit : "Avec ton p'tit Banier t'avait l'air d'un c.. ma mère-re avec ton p'tit Banier t'avait l'air d'un c.."

hardi petit.

[Dom (klashkabob)]

cela fait lo,gtemps que je cherchais des infos sur ce lieu : merci !

[skals]

ça manquait d'images depuis quelques temps ce forum? Eh bien accrochez-vous, j'en ai un bon paquet!

C'était hier. Long voyage au milieu des plus beaux sommets de la vallée du Haut-Giffre et long voyage intérieur aussi. Pour m'en donner les moyens, départ à 3h du mat' du Plan des Lacs, Fer-à-Cheval. J'avais ainsi 18h devant moi, voire plus au cas où ça tournait au vinaigre: en plus du matériel d'alpi au complet j'avais quelques habits de rechange si je devais être amené à bivouaquer (mais brrr, tant mieux tout s'est bien passé, car il ne fait pas chaud par là-haut!).
Ai commencé par remonter le torrent sec de la Pierrita qui m'a paru cette fois-ci moins chaotique (c'est tout à fait possible, ça varie d'année en année) puis coupé sur celui de la Méridienne, en pleine eau, lui. Même un peu trop, ça crachait méchant dans cette nuit sans lune. Très impressionnant. Comme je suis arrivé à niveau j'ai dû redescendre un tout petit peu pour trouver un passage possible. Une fois de l'autre côté, un peu désorienté pour trouver le Pas Noir. Un peu hésité mais pas trop. Comme en octobre 2009 ça passe assez bien.
C'est les pentes du dessus qui m'ont paru bien longues: sorti à 4h15 du Pas Noir je n'ai traversé la Rigole qu'à 5h10! Mais il faut dire que ça grimpe entre deux. Ici la traversée schisteuse qui mène dans le second cirque à parcourir:

Me demandez pas trop par où ça passe, je serais bien en peine de le dire ,)

Arrivée sans encombres à la fin des cirques, l'aube succède à la nuit sur la vallée du Giffre:


Les premières fleurs du vallon de Tenneverge:


Le cirque du Fer-à-Cheval et les premiers rayons sur le Grenier de Commune:


Par rapport à octobre 2009, on est submergé par une biodiversité phénoménale. Des herbes jusqu'au bassin et parfois l'impression de se retrouver dans une mare à nénuphars. L'antichambre du paradis. Ce qui permet ces extravagances, c'est cette eau qui transite un peu partout, grâce aux névés du dessus:

Une fois qu'ils ont fondu, l'endroit n'est malheureusement plus le même.

Arrivée au col de Tenneverge après 4h30 d'efforts dans cette brousse sans sentier. Je suis totalement cuit. Pas bu assez pour économiser, léger mal de tête. Mais évidemment les difficultés ne s'arrêtent pas: cette fameuse dalle est recouverte d'eau et de glace du matin. Il va falloir la traverser "en diagonale", ce qui est peu commun:


L'enfer pour accéder au Tenneverge: après un névé coriace à éviter, un pierrier sur des roulements à bille où l'adage "un pas en avant deux en arrière" s'applique plus que jamais! Et puis enfin, le sommet, à 8h45. De la Finive au Buet, d'Argentière au Mont-Blanc:



En face, les Dents Blanches Occidentales et le lac de la Vogealle, dans quelques heures, peut-être:



Et la vue magique sur les glaciers du Prazon et du Ruan, ainsi que tous les sommets de la chaîne-frontière:



C'est maintenant qu'une bonne partie de la course se joue. La pause me fait du bien, je m'équipe version alpi. Je suis censé aller chercher un passage dans les vires expo, délitées et gravillonneuses pour remonter une brèche à remonter pour atteindre le col des Rosses. Les différents topos l'indiquent ainsi. Cependant, les cairns indiquent de rester sur l'arête, ce que je fais. Car je me souviens aussi de ces deux sangles arrimées à un vieux piton au bout de l'arête (non moins expo ou presque que le passage dans les vires). Cette traversée-ci me permettrait de ne pas perdre de l'altitude et de m'économiser.
J'arrive finalement au rappel mais constate que 20m de corde vont être très limite. Je rallonge un peu les sangles avec mes bouts de ficelle et tente le rappel, prudemment. Quelques mètres en-dessous un vieux bout de corde attire mon regard jusqu'à un autre vieux piton d'où émerge une boucle en métal qui a traversée les âges. Pas très sain, mais en y allant tranquille ça devrait passer. Grâce à ce second rappel j'arrive jusqu'au sol sans dommages. Ouf.
Voici ce que les deux rappels permettent de descendre:


La même mais depuis le haut du groupe de rochers en face:


Et maintenant, bonheur, à moi le glacier et les névés

Eh oui, j'ai pas porté tout ça pour rien! Moi qui hésitait à emporter les crampons (c'est les températures annoncées qui m'ont décidé) je suis maintenant bien content de les avoir aux pieds!

Glaciers du Prazon et du Ruan sous la Tour des Rosses:


Et le chemin parcouru depuis le Tenneverge, y'a de quoi faire!


Je passe sous l'Aiguillette et la tour du Prazon puis remonte au col des Ottans pour éviter les névés suspendus au-dessus des parois du glacier du Ruan. Là j'en peux vraiment plus, et décide de stopper à une demi-heure du sommet du Ruan. Il est 11h30 et la vue est belle sur l'extrêmité du Ruan, la Tour Sallière et le glacier des Fonts:

Il est 11h30 et je ne voulais pas redescendre trop tard, bien que la neige est encore très ferme voire dure. Et pas envie non plus de me déséquiper pour le sommet du Ruan.

La vue sur les grandes pentes glaciaires du bassin d'Argentière et les couloirs mythiques de l'Aiguille Verte est saisissante:


J'ai aussi tout loisir de me retourner pour constater le chemin parcouru:


Le passage-clé de la descente sur le glacier du Ruan est particulièrement corsé car recouvert d'une fine pellicule de glace. C'est le moment où j'ai la chance de croiser un autre alpiniste solitaire. Je descends puis il monte, on discute un peu (mais pas trop quand même, il s'agit de ne pas se déconcentrer) et on regarde que tout se passe bien pour l'autre.

Le passage vu du bas avec l'alpiniste au coeur de la difficulté.

Plus bas une cassure (3m de profondeur) qu'on passe facile (bouchée) en rive droite:


Le reste est bien lisse et loin d'être chaotique lors du drame de l'an dernier:


Fin du glacier en direction de la Pointe de Bellegarde et des Avoudrues:


Où le glacier est à nu ça suinte déjà fort aux alentours de midi:

Les couleurs sont absolument magnifiques, on est vraiment sur un glacier!

Rive droite du glacier et des vestiges de ce dernier:


La fin du cramponnage se situe ici, lorsqu'il faut prendre pied sur le rocher pour rejoindre les contreforts du petit Ruan:


Vue d'ensemble sur le Ruan et son glacier:


C'est le début de l'été et la vie se niche partout, même dans la pierre:

Couleurs éclatantes: vert, rouge, jaune, bleu, mais aussi blanc et fuchsia / magenta: si le vallon de Tenneverge fut inouï, la combe de la Vogealle ne'st pas mal non plus!

Du col des Ottans ou de Sageroux, vue de droite à gauche sur le Petit Ruan et ses pentes NW, le Dôme dont le couloir passe encore (!), l'Eglise, le col de Susanfe et la tour Sallière, dont nous parcourûmes il y a environ 10 semaines la magnifique face jusqu'à la cabane de Susanfe:




Mont Sageroux et Dent de Barme:


Des pâturages du Prazon au Mont-Blanc en passant par le Tenneverge:


Au coeur des hauteurs du Bout-du-Monde, la Tour Saint-Hubert et ses dalles délirantes, qu'on a bien fait de ne pas réussir à atteindre il y a quelques neuf mois de cela

Tête de Perua et toujours celui que vous savez


Le monstre gentil, là, c'est la Pointe Rousse des Chambres


Refuge de la Vogealle (ici le bâtiment d'hiver), à cinq minutes du lac: un havre de zénitude que je recommande!


Plein centre en haut dans l'ombre, c'est le passage de la Rigole emprunté il y a douze heures environ:


Le passage-clé du Ruan depuis le Chalet du Boret pour la deuxième pause boisson


Dernier coup d'oeil sur la Méridienne où l'on voit qu'en effet y'a du volume:


Voilà, voilà, retour au bercail après 13h de course Record égalé avec notre traversée Besso - Blanc de Moming de la semaine d'alpi de l'été 2009. Mais cette fois-ci nettement plus de déniv' et de chemin parcouru (eh oui faire des longueurs avec une corde c'est finalement reposant!).
Y'aurait certainement beaucoup à dire encore mais ça viendra plus tard. Et puis y'a les collègues qui arrivent là, va falloir se remettre aux choses sérieuses

[Dom (klashkabob)]

va falloir se remettre aux choses sérieuses

quoi de plus sérieux et important que cette traversée ?

Un immense merci pour ce compte rendu énorme.

Les photos sont splendides, et la course exceptionnelle..respect !

[Matthieu]

Merci pour ces vues époustouflantes

[skals]

quoi de plus sérieux et important que cette traversée ?

Nothing at all, ce midi je le concède, la tête dans les étoiles, ou plutôt les jambes dans ces fleurs aux mille couleurs.

La montagne est si belle actuellement. Profitez-en!

[grand massif]

Merci de nous faire partager cette belle et longue course.

[miamivince]

Quel bonheur de regarder ce CR.
Que c'est beau. Ca donne vraiment envie de se rermettre en condition pour y aller.

Merci beaucoup.

[jib]

ah oui la cheminée en glace, c'est pas la même!
la semaine dernière j'avais rempli ma gourde dans le ruisseau qui coulait sur le rocher...

tout ça est superbe en tout cas!

[freerider74]

beau, très beau !
une course comme ça seul ! chapeau

je me souviens encore de ce qu'on avait évoqué il y a bien longtemps lors de notre course au ruan, qu'il fallait être un mutant pour faire ça, et surtout sur un jour. Tu es devenu un mutant !

ça doit vraiment faire bizard de ressentir, je pense, quand tu es entre le tenneverge et le ruan, ce sentiment de vouloir rester ici pour l'éternité et de vite quitter ce lieu austère.

tu te donnes les moyens de faire tes projets, ça fait plaisir à voir, du moment que tout ce passe bien et que le plaisir est là, c'est l'essentiel.

[verchaix]

Chapeau pour ce périple en solo!
Merci infiniment de nous faire partager le récit et les images de ce lieu magiquement sauvage.

[skals]

Tu es devenu un mutant !

ouais ben faut pas exagérer hein. J'étais surtout au bout du roul' en arrivant au Tenneverge et en mode économie d'énergie pour toute la traversée!
Le truc, c'est que je savais que je pouvais le faire d'un point de vue résistance, alors j'ai avancé tranquillement dans cette traversée, un pas après l'autre, ce qui permet à peu près toujours d'arriver à ses fins.

ça doit vraiment faire bizard de ressentir, je pense, quand tu es entre le tenneverge et le ruan, ce sentiment de vouloir rester ici pour l'éternité et de vite quitter ce lieu austère.

En fait c'est pas le même sentiment que d'arriver à un point culminant et ne plus vouloir en redescendre. Pendant longtemps tu sais qu'il y a toujours des difficultés devant toi, surtout du fait que tu fais une traversée au coeur d'une boucle Les passages délicats sont donc toujours à franchir et vont encore se succéder. Je me suis considéré comme tiré d'affaire après la vire foireuse entre les contreforts du Petit Ruan et le col des Ottans. A ce moment-là j'avais soif et j'étais loin de me sentir pousser des ailes
En fait c'est surtout à la Vogealle que je serais resté des heures voire des jours, déjà à contempler le parcours vu d'en face (parce qu'avant de le faire une fois on ne sait quand même pas très bien où ça passe), ensuite à faire d'autres courses dans le coin et pourquoi pas, à revenir sur mes pas cette fois-ci par les crêtes!

[hakan_cheronsen]

bravo. bel itinéraire. tout y est.

on sent une belle caisse.

[papy pat]

Magnifique, énorme, et le reportage itou