La neige...

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samoens
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La neige...

Message par samoens » 25 nov. 2006 20:05

La neige est attendue avec impatience chaque hiver, sauf à basse altitude et en ville où elle est plutôt redoutée. Explications avec Jérôme, prévisionniste à Météo-France.



A quelle période de l'année neige-t-il généralement ?
Jérôme : Sur les massifs montagneux, il peut commencer à neiger fin août-début septembre au dessus de 2000 m. En plaine, on rencontre fréquemment des épisodes de neige dès le mois de novembre et parfois jusqu?au mois de mai. Depuis une cinquantaine d?années environ, on constate cependant que ces épisodes sont plus tardifs dans la saison.




Comment se forme la neige ?
Jérôme : La neige est une précipitation solide qui tombe d'un nuage et atteint le sol lorsque la température de l'air est négative ou voisine de 0°C. Ces cristaux de glace s'agglomèrent et forment des flocons. Leur forme varie en fonction de la température : étoiles (entre -16°C et -13°C), plaquettes (vers -12°C), aiguilles ou colonnes (vers -6°C). Sous nos latitudes, la neige tombe en plaine par une température sous abri comprise entre 1°C et - 5°C.

La température est-elle le seul paramètre déterminant pour prévoir la neige ?
Jérôme : La température est bien le paramètre clé de la prévision des chutes de neige. Pas seulement la température de l'air près du sol, mais aussi celle du sol et de la masse d'air sur plusieurs kilomètres d'altitude. D'autres paramètres entrent également en jeu et déterminent la nature de la neige : l'humidité de l'air, à savoir sa teneur en eau, le vent et son effet de refroidissement, plus ou moins rapide et intense.


Vous évoquez la nature de la neige. Existe-t-il plusieurs sortes de neige ?
Jérôme : Tout à fait. On distingue 3 types de neige selon la quantité d?eau liquide qu'elle contient : neige sèche, humide ou mouillée. La neige sèche est fréquente en montagne car elle se forme par temps très froid, avec des températures inférieures à -5°C. Légère et poudreuse, elle contient peu d?eau liquide.
La neige humide ou collante tombe souvent entre 0°C et -5°C. Elle contient davantage d?eau liquide ce qui la rend lourde et pâteuse. C?est la plus fréquente en plaine et la plus indésirable.
La neige mouillée tombe entre 0°C et 1°C et contient beaucoup d'eau liquide. Très lourde, elle est facilement évacuée par le trafic routier, mais peut aussi fondre et regeler sous forme de plaques de glace.



Pourquoi la neige collante est-elle si indésirable ?
Jérôme : C'est une neige aux effets dangereux : elle se compacte et adhère à la chaussée, aux câbles électriques, voire aux catainers de la SNCF. Un faible enneigement de ce type, même de quelques centimètres, peut perturber gravement le trafic routier, la circulation aérienne et ferroviaire. Mais, l'accumulation de neige mouillée, fréquente dans le sud de la France, provoque aussi de sérieux dégâts. Sous le poids de cette neige très lourde, les toitures ou les serres peuvent s'effondrer et les branches d'arbres rompre.




Comment limiter les effets des neiges collante et mouillée ?
Jérôme : En anticipant les épisodes de neige. La carte de vigilance lancée en octobre 2001 par Météo-France intègre la neige. En cas d'épisode de neige dangereux, elle informe les Français et les pouvoirs publics et permet de mettre en place des mesures préventives.
Des seuils de hauteur de neige ont été établis par région, selon la densité de la population et les conséquences potentielles locales. Les régions sont diversement acclimatées à la neige. Un enneigement de 5 cm perturberait par exemple davantage Paris ou Perpignan que Grenoble ou Tarbes. Les agglomérations, surtout celles situées en plaine, ne sont en général pas conçues pour vivre avec de la neige. Elles sont donc particulièrement vulnérables. La carte de vigilance rappelle également les précautions à prendre pour se protéger chez soi ou lors de ses déplacements.

Est-il plus facile de prévoir des chutes de neige en plaine ou en montagne ?
Jérôme : La prévision est plus facile en montagne, car les situations météo y sont plus marquées. Les températures nettement négatives excluent les précipitations sous forme de pluie. Il en est de même pour certaines grandes villes réputées pour leur enneigement. La prévision de la neige est plus aisée sur Chicago ou Moscou que sur Paris. Les températures basses qui y règnent ne laissent pas de place au doute : les précipitations ne peuvent être que neigeuses.


Quelles sont les difficultés de la prévision de neige en plaine ?
Jérôme : Une situation à neige, c?est d?abord une perturbation avec deux masses d?air contiguës, de l?air froid d?un côté, de l?air doux et humide de l?autre. Pour prévoir la neige et déterminer sa qualité, les prévisionnistes doivent d'une part évaluer l?activité et l?évolution de la perturbation, et d'autre part, estimer le plus précisément possible les températures de l?air et du sol. La prévision devient difficile lorsque la température avoisine 0°C. L'eau évolue alors plus ou moins rapidement entre trois états possibles : liquide, solide et vapeur.

Enfin, la prévision de la neige en plaine comprend non seulement les chutes de neige, mais aussi l?évolution du manteau neigeux : son maintien au sol, sa fonte, son regel et la formation de plaque de verglas, son épaisseur, ses qualités successives, la durée et la vitesse de ces différents états.


Quels sont les moyens utilisés par les prévisionnistes pour prévoir la neige ?
Jérôme : Nous utilisons bien sûr les résultats des modèles de prévision (simulations informatiques du comportement de l'atmosphère) que nous confrontons aux observations. L'imagerie issue des satellites et des radars permet de surveiller l'évolution des paramètres vent et température à différentes altitudes et de corriger les résultats des modèles parfois sur-estimés ou sous-estimés.

Si le modèle prévoit par exemple de la neige sur Paris, on pourra, grâce aux images satellite et radars, estimer l'arrivée de la bande de précipitations. Les radars ne permettent pas toutefois de distinguer entre la pluie et la neige. Les prévisionnistes détermineront s'il s'agit de neige ou non.

On peut donc prévoir de la neige dès que la température au sol est inférieure à 0°C ?
Jérôme : Et bien, non, la formation de la neige est plus complexe. Lorsqu'il neige, la température au sol est, il est vrai, le plus souvent comprise entre 1°C et - 5°C. Mais la neige peut aussi tomber, plus rarement, par des températures positives.
La neige se forme en altitude et évolue au sein des masses d'air qu'elle rencontre lors de sa chute. Si la température de l'air devient positive à moins de 300 m du sol, les flocons n'ont pas le temps de fondre et atteignent le sol. C'est pourquoi des chutes de neige sont possibles avec des températures de 1°C à 3°C.


Existe-t-il d'autres types de neige par température positive ?
J. Lecou : Oui, la neige dite par "isothermie". C'est un phénomène local délicat à prévoir : de fortes précipitations d'altitude abaissent progressivement, au cours de leur chute, la température de l?air jusque vers 0°C. La neige fond de plus en plus bas et finit par atteindre le sol. La température se stabilise et l?isotherme 0°C descend progressivement, d'où le nom de ce type de neige. L'isotherme 0°C est le niveau d'altitude auquel la température atteint 0 °C. C'est un repère qui indique si l?air est plus ou moins chaud ou froid en altitude.
Les chutes de neige par isothermie sont peu fréquentes en plaine. On a observé des épisodes de ce type en janvier 1980 à Carcassonne, en février 1983 à Landivisiau, en janvier 1992 à Perpignan et en décembre 1997 sur la région parisienne.


Peut-il neiger sur les côtes méditerranéennes ?
J. Lecou : Absolument. Contrairement aux idées reçues, la neige n'est pas rare en région méditerranéenne. On relève 25 épisodes majeurs sur 32 hivers (1970-71 à 2001-2002) avec une hauteur de neige au sol supérieure à 10 cm à basse altitude sur le Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d'Azur. On a également enregistré des hauteurs de neige au sol supérieures à 50 cm à moins de 500 m d'altitude en 1970, 1981, 1986, 1992 et 2001.
La neige, souvent de type mouillée dans ces régions, peut ainsi paralyser ces départements peu acclimatés. Le mistral favorise de plus la formation de congères, catastrophiques pour le réseau routier.




Notre dossier : La neige


La carte de vigilance


Les conséquences possibles des phénomènes météo dangereux et les conseils de comportement


Publication : Episodes neigeux en plaine sur les régions méditerranéennes de la France, période 1971-2001

http://www.meteofrance.com/FR/actus/dos ... ocid=19152

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